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[Show spoiler]Les Dossiers de l'écran : Pétain (3h 27 min - SD avec upscale)
On termine ce copieux programme avec un morceau de choix, rien de moins que l'intégralité du débat diffusé en mai 1976, simultanément à la présentation de Mr. Klein à Cannes. Le sujet avait été très rarement abordé de manière aussi médiatique, c'est un évènement qui a déchaîné les passions et même provoqué un envahissement de plateau avant l'émission (et un déménagement forcé dans un autre studio). Ce Dossier de l'écran, l'un des plus célèbres, fut même parodié dans Papy fait de la résistance. Exceptionnellement, le débat n'est pas précédé d'une fiction mais introduit par un documentaire (76 min) spécialement produit pour l'occasion, qui retrace à partir de nombreuses archives et d'actualités d'époque le parcours de Pétain, héros de Verdun en 1918, "symbole de la grandeur nationale" puis de la défaite française, jusqu'à son procès en 1945 et sa mort en 1951, à l'âge de 95 ans.
Joseph Pasteur arbitre les échanges sur l'action de Pétain pendant la guerre : a-t-il été utile à la France, l'Armistice aurait-il pu être évité ? D'un côté les défenseurs du Maréchal évoquent souvent "les intentions" et des actes dont le Maréchal n'a "rien à se reprocher". Parmi eux Jacques Isorni, son avocat en 1945, député par la suite, qui prolonge ici de manière souvent intrusive et monopolisante son plaidoyer ("consentir le mal pour éviter un mal plus grand encore"), cherchant quelque part à refaire le procès. La réponse du camp adverse se fera sur "les faits". L'entrée en matière de l'ancien résistant et Garde des Sceaux Pierre-Henri Teitgen calme les ardeurs des nostalgiques, lorsqu'il énumère les actions anti-juives menées sous le régime et la "responsabilité politique et morale" de Pétain : "c'était ça la collaboration !" La démonstration est appuyée de manière très claire par l'historien Henri Michel qui démontre méthodiquement, souvent point par point, les mécanismes de la collaboration économique et militaire du régime de Vichy, ou la façon dont Hitler laissait les rênes des pays occupés à des figures nationales, bien vues des populations, ce qui évitait ainsi qu'elles se braquent trop vivement s'il s'était agi de décisions ouvertement allemandes. Henri Michel précise que, dans les autres pays occupés, les déportations et faits dramatiques n'ont pas été appliqués par les polices nationales mais par l'armée allemande, contrairement à la France. Henri Michel apporte des nuances bienvenues, notamment sur le soutien maintes fois rappelé du peuple à son chef, expliquant que les Français souhaitaient d'abord la paix (non l'armistice) afin de ne plus retourner au combat. On précise ainsi que Pétain a "égaré les Français" dont "le devoir était de résister". Trente ans après, la plaie de l'Occupation est encore vive. Loin des invectives enflammées que l'on aurait pu craindre (même s'il y en a quelques-unes) et des passions qui ne sont toujours pas apaisées, le débat reste assez serein (on s'écoute en général), ferme et très intéressant, avec un argumentaire pertinent.
Les Dossiers de l'écran : Pétain (3h 27 min - SD with upscale)
We end this copious program with a choice piece, nothing less than the entire debate broadcast in May 1976, simultaneously with Mr. Klein's presentation at Cannes. The subject had very rarely been discussed in such a media way, it was an event that unleashed passions and even caused an invasion of the set before the show (and a forced move to another studio). This Dossier de l'écran, one of the most famous, was even parodied in Papy fait de la resistance. Exceptionally, the debate is not preceded by a fiction but introduced by a documentary (76 min) specially produced for the occasion, which traces from numerous archives and period news the journey of Pétain, hero of Verdun in 1918, "symbol of national greatness" then of French defeat, until his trial in 1945 and his death in 1951, at the age of 95.
Joseph Pasteur arbitrates the exchanges on the action of Pétain during the war: was he useful to France, could the Armistice have been avoided? On the one hand, the Marshal's defenders often evoke "intentions" and acts for which the Marshal has "nothing to be ashamed of". Among them Jacques Isorni, his lawyer in 1945, later a deputy, who often prolongs his plea here in an often intrusive and monopolizing way ("consent to the evil to avoid an even greater evil"), seeking somewhere to redo the trial. The response of the opposing camp will be based on "the facts". The entry into the matter by the former resistance fighter and Keeper of the Seals Pierre-Henri Teitgen calms the ardor of nostalgics, when he lists the anti-Jewish actions carried out under the regime and Pétain's "political and moral responsibility": "c that was collaboration!" The demonstration is supported in a very clear way by the historian Henri Michel who demonstrates methodically, often point by point, the mechanisms of the economic and military collaboration of the Vichy regime, or the way in which Hitler left the reins of the occupied countries to figures national, well seen by the populations, which thus prevented them from turning too strongly against decisions that were openly German. Henri Michel specifies that, in the other occupied countries, the deportations and dramatic facts were not applied by the national police but by the German army, contrary to France. Henri Michel brings welcome nuances, in particular on the support repeatedly reminded of the people for their leader, explaining that the French first wanted peace (not the armistice) in order not to return to combat. It is thus specified that Pétain "misled the French" whose "duty was to resist". Thirty years later, the wound of the Occupation is still alive. Far from the fiery invectives that we might have feared (even if there are some) and the passions that are still not appeased, the debate remains quite serene (we generally listen to each other), firm and very interesting, with a relevant argument.
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